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Plus d’une centaine de mineurs exploités chaque année dans l’agglomération de Longueuil

Jeudi 26 novembre 2020 13:30 Juliette Poireau

La Maison Kekpart de Longueuil lance le projet Sans Proxénète ni Exploitation sous la forme de deux capsules vidéos pour sensibiliser les jeunes et leurs parents sur les dangers de l’exploitation sexuelle.

Dans l’agglomération de Longueuil, ce sont environ 125 mineurs, filles et garçons, âgés en moyenne de 14 ans, qui sont exploités chaque année. « C’est une situation inquiétante et qui perdure depuis le début des années 2000 », exprime Tanya Brunelle, intervenante à la Maison Kekpart et coordinatrice du projet Sans Proxénète ni Exploitation.

« N’importe qui peut se retrouver dans une situation d’exploitation », assure Mme Brunelle. En effet, les victimes peuvent être issues de différentes classes sociales. Toutefois, certains jeunes sont considérés plus à risque d’être recrutés par un proxénète, notamment ceux qui fuguent de leur milieu familial ou de leur centre jeunesse et qui se retrouvent sans ressource, ceux qui consomment ou encore ceux qui ont une difficulté marquée à l’école.

D’autres peuvent se faire entraîner par une personne qui se trouve déjà dans le monde de la prostitution.

« Les facteurs qui mènent à l’exploitation, c’est un tout. Chaque victime qui se retrouve dans une telle situation a ses propres particularités », affirme Tanya Brunelle.

L’une des vidéos de sensibilisation démontre la façon dont les recruteurs, abuseurs et clients tendent leurs filets avec les victimes, notamment en les faisant tomber amoureuses d’eux. La relation s’amorce en les couvrant de cadeaux, en leur faisant vivre une « vie de princesse » pour ensuite les isoler petit à petit de leur entourage.

« Il va dire que tes amis c’est juste de la marde. Il va te forcer à arrêter de leur parler, puis au final, tu finis que tu n’as plus d’amis. C’est là ce que c’est trop tard, je n’avais plus de repère. Mon estime de moi ne tenait qu’au peu de compliments qu’il faisait sur mon physique. Tu ne peux même pas partir, parce que tu te fais tellement contrôler, que tu ne sais même plus qui tu es. T’es juste rendue une poupée montée à son image dans le fonds », entend-on dans la vidéo.

L’autre capsule porte sur les ressources existantes, notamment la Maison Kekpart qui œuvre auprès des jeunes de Longueuil depuis bientôt 40 ans. L’organisme accueille les victimes qui souhaitent s’en sortir pour les amener vers les ressources qui répondent à leur besoin et les accompagner dans leur cheminement de réhabilitation.

Tanya Brunelle pense que de « demander de l’aide est la meilleure façon pour qu’une victime s’en sorte » puisqu’elle sera entourée de professionnels et de gens du milieu. Les mots d’ordre de l’intervenante sont : « soutien, accompagnement, support et non jugement » pour épauler au mieux les victimes d’exploitation.

Les vidéos seront présentées dans différentes écoles des Centres de services scolaires Marie-Victorin et des Patriotes, particulièrement aux élèves de secondaire 3, 4 et 5, ainsi que dans les classes de jeunes à risques ou en difficultés d’apprentissage.

« La prévention et la sensibilisation sont des bons moyens pour aller toucher les jeunes, sans leur faire la morale, sans leur dire quoi faire, mais pour défaire certains préjugés », explique Mme Brunelle.

Les milieux où les jeunes risquent de se faire recruter seront également visés par la campagne de sensibilisation. Les endroits prisés par les proxénètes sont les cours d’école, le métro, les partys, les bars, ou encore les clubs de danseuses et de massages où des mineurs peuvent se trouver.

« Le recrutement peut se faire n’importe où, c’est pourquoi il faut être à l’affût. Ce que je veux apprendre aux jeunes c’est d’écouter leur petite voix intérieure disant qu’il ne faudrait pas être là avant que ça aille trop loin », confie Tanya Brunelle.

Les vidéos peuvent être visionnées librement, ce qui est un gain pour Tanya Brunelle qui souhaite rejoindre le plus de monde possible. D’ailleurs, elle encourage les parents à montrer les capsules à leurs enfants et de parler avec eux du phénomène de l’exploitation sexuelle et des dangers qui viennent avec.

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