Que cherchez-vous?

EXCLUSIF Montérégie : une femme est transportée en ambulance jusqu’à 100 fois en un an et demi

Jeudi 14 juillet 2016 00:00 TVRS

Une femme de Châteauguay, en Montérégie, a été transportée par ambulance de sa résidence à l’hôpital Anna-Laberge entre 50 et 100 fois au cours de la dernière année et demie, possiblement aux frais des contribuables. C’est ce qu’a confié à TVRS le porte-parole de la CETAM, Luc Latreille, qui avoue que son service est à court de solutions pour remédier à la situation. Selon deux sources de la CETAM qui ont demandé à préserver l’anonymat, il n’est pas rare que le service ambulancier ait à intervenir deux fois, voire trois fois par jour à cette même adresse. Toujours selon ces deux sources, la patiente a même pris l’habitude d’appeler un taxi une fois arrivée dans la salle d’attente, pour retourner ensuite chez elle et appeler à nouveau l’ambulance quelques heures plus tard. M. Latreille affirme que la coopérative ambulancière n’a pas le droit de refuser de transporter un patient, même lorsque les ambulanciers se doutent que l’appel soit non fondé. «Nous, on a pas le choix de suivre la priorité que notre répartition donne, même si on reconnaît l’adresse», a expliqué M. Latreille. Impact sur le service Recevoir de tels appels a bien entendu un impact sur le service ambulancier offert à la population, qui dans certains cas peut être une question de vie ou de mort. Sans aller jusqu’à témoigner d’un cas précis où un appel non fondé aurait eu de graves conséquences, M. Latreille avoue toutefois que le nombre d’ambulances est, dans certains coins de la Montérégie, somme toute restreint. «Lorsqu’on est affecté sur un appel comme celui-là, ça enlève un ambulance sur la route. [Dans certains secteurs], il n’y a que deux ambulances pour une bonne partie de la journée de 24 heures. […] C’est certain que ça élimine un véhicule pour répondre aux autres urgences», a-t-il expliqué. Aux frais des contribuables ? Selon le site web du gouvernement du Québec, le transport par ambulance pour les personnes de 65 ans et plus est généralement gratuit dans la province. M. Latreille n’a toutefois pas voulu confirmer, pour des raisons de confidentialité, si ladite patiente a plus de 65 ans. Toutefois, selon nos sources, ce serait bel et bien le cas. Pour être gratuit, le transport doit toutefois être «exigé par l’état de santé de la personne selon l’évaluation effectuée par le médecin traitant de l’établissement où elle a été transportée […]», explique le site web du gouvernement du Québec. Autrement dit, un médecin de l’hôpital peut décider de refiler la facture au patient de plus de 65 ans s’il juge que son état de santé ne nécessitait pas un transport à l’hôpital. Dans ce cas précis, il n’a donc pas été possible pour TVRS de confirmer si les frais de transport ont été remboursés par l’hôpital ou par la patiente. «Nous, de notre côté, c’est certain que la facture est adressée à l’hôpital», a expliqué M. Latreille, sans être non plus en mesure de confirmer par qui les frais sont finalement acquittés. À titre indicatif, le prix d’un transport offert par la CETAM est de 125 $ auxquels on ajoute 1,75 $ par kilomètre parcouru. L’hôpital réagit Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Ouest, qui régit l’hôpital Anna-Laberge, a refusé de commenter le cas précis de cette patiente, pour des raisons de confidentialité. Sarah-Ève Tremblay, porte-parole pour le CISSS, a tout de même indiqué qu’un patient «est libre de refuser ou d’accepter qu’on lui administre des soins». Mme Tremblay a tenu à souligner que les investissements annoncés cette semaine par le ministère de la Santé pour les soins à domicile doivent être perçus comme une «bonne nouvelle». Environ 8 millions $ doivent être injectés dans le réseau montérégien pour le soutien à l’autonomie. «Une situation comme celle-là, ça nous dit que les soins à domicile ne sont peut-être pas adéquats, ou qu’il faut travailler un peu plus vers ça. C’est peut-être ça [que cette situation] peut nous dire», a-t-elle expliqué. «Nous , ça nous donne un son de cloche […], ça nous dit qu’il y a un arrimage à faire entre les différents services [et les besoins du patient]», a-t-elle conclu. Un cas unique ? Si M. Latreille avoue qu’il s’agit sans doute ici d’un cas «extrême», il ne croit pas qu’il s’agisse d’un cas unique. Il a observé d’autres situations semblables dans sa carrière d’ambulancier, mais rien qui ne soit d'une telle envergure. Du côté du CISSS, Mme Tremblay dit ne pas être en mesure d’indiquer s’il agit d’une problématique généralisée, mais ne croit pas que ce soit le cas. La CETAM, dont les bureaux sont situés à Longueuil, assure le service ambulancier auprès de quelque 700 000 personnes réparties dans 72 municipalités un peu partout en Montérégie. Plus de 60 000 appels sont logés chaque année.

© 2024 Télévision Rive-Sud Tous droits réservés Conditions d'utilisation
Alimenté par : Marchand Manager