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Sécurité des femmes dans le RTL : peu de données disponibles

Jeudi 18 juillet 2019 09:40 TVRS

Le Réseau de transport de Longueuil (RTL) a comptabilisé une seule plainte pour agression ou harcèlement sexuel entre 2013 et 2017, des données justifiées par le fait que les villes qui composent l’agglomération de Longueuil sont « tranquilles et sécuritaires ».

La porte-parole du RTL, Alicia Lymburner, n’a pas voulu faire de commentaire sur cette affirmation faite dans un article publié dans le Globe and Mail la semaine dernière ni sur la représentativité de ces données.

Or, selon la coordonnatrice du Centre des femmes de Longueuil, Julie Drolet, ces chiffres ne reflètent aucunement la réalité. « Selon des études faites à New York et Londres, près de 90 % des cas ne sont pas rapportés, notamment par manque de mécanisme facilitant. […] Après, beaucoup de femmes font le choix de ne pas sortir le soir, quand il fait noir et s’empêchent d’utiliser le transport en commun par crainte de vivre du harcèlement ou une agression. », affirme-t-elle.

Des statistiques dures à colliger

Ces chiffres représentent seulement les plaintes qui ont été faites directement au service à la clientèle du RTL et n’incluent pas les données du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL).

Le SPAL collige bel et bien des données sur les agressions et le harcèlement sexuel, mais selon l’agent relationniste du SPAL, François Boucher, il est difficile d’obtenir un portrait global des agressions en lien avec le réseau de transport puisque les incidents sont répertoriés en fonction d’une adresse. « Si la victime et l’agresseur se trouvaient dans l’autobus, mais l’agression a eu lieu à l’extérieur du bus à quel point met-on ça en lien avec le RTL? », a-t-il expliqué.

Un flou dans les critères de localisation peut aussi rendre les statistiques associées au RTL inexactes, même s’il est possible de savoir combien d’agressions ont eu lieu, par exemple, à l’adresse précise du terminus Longueuil.  Par contre, une agression dans un bus, à proximité du terminus ou sur le campus longueuillois de l’Université Sherbrooke ne fera pas nécessairement partie des données associées au terminus lui-même.

« Entre deux arrêts » : un service « imparfait »

Mme Lymburner assure que le RTL travaille en étroite collaboration avec le SPAL lors des problèmes liés à la criminalité, et qu’il suit les recommandations des policiers. Pour ce qui est de la sécurité des femmes dans le réseau, Mme Lymburner a souligné que celles-ci peuvent demander au chauffeur de bus de sortir entre deux arrêts, le soir.

Pour Mme Drolet, il s’agit d’un système imparfait qui n’est pas suffisamment connu. « On a fait un sondage et on s’est rendu compte que les femmes ne connaissent pas le service. Il n’est pas affiché dans les bus de Longueuil. En plus, le chauffeur, pour une question de sécurité, peut dire non ou oui [à la demande], ce qui met un frein à l’utilisation du service. »

Elle suggère au RTL de promouvoir davantage ce service, mais également d’implanter une application, similaire à celle de la Toronto Transit Commission, la SafeTTC app. Celle-ci permet à une victime de dénoncer immédiatement, à l’aide d’un appareil mobile, le harcèlement ou l’agression, menant donc à des interventions potentiellement plus rapides des employés du réseau de transport ou des policiers. Le tout peut aussi se faire de façon anonyme.

La Ville de Longueuil a aussi un rôle à jouer selon Julie Drolet, puisqu’il y a quelques années, un comité traitait des enjeux femmes et sécurité, mais il a été intégré dans un autre comité.

Mme Drolet a laissé entendre que le Comité Femmes et Sécurité urbaine du Vieux-Longueuil et de Greenfield Park/Saint-Hubert pourrait rencontrer le RTL et interpeller les élus à ce sujet cet automne.

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