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Retraités floués et de plus en plus pauvres

Mercredi 04 janvier 2017 12:00 TVRS

Le 2 décembre dernier «Retraite Québec» publiait la dernière évaluation actuarielle du Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics (RREGOP), avec les données au 31 décembre 2014. Ce qui étonne ce sont les différences entre d’une part les données de cette évaluation actuarielle et d’autre part les données du rapport annuel de la CARRA1 à cette même date.

Selon le rapport annuel de la CARRA en 2014 le nombre de retraités du RREGOP était de 232 854 et leur rente annuelle moyenne était de
19 166 $2 .

Or selon l'évaluation actuarielle 2014, le nombre de retraités était de 231 391. Ces retraités du RREGOP ont touché une rente annuelle moyenne de 17 838 $3 .

Il y a là, semble-t-il, une certaine incohérence qui apparaît pour le moins étrange et qui devrait faire l'objet d'un questionnement.

Soudainement le nombre de retraités à une même date a diminué et ces retraités sont plus pauvres au 31 décmbre 2014.

Nous aurait-on induits en erreur dans le Rapport annuel 2014 de la CARRA? Et qu'en est-il des données de 2015 et celles à venir en 2016 ? Peut-on s'y fier?

Les autres régimes des secteurs public et parapublic.

On peut aussi se questionner sur les données du RRE4 , RRF5 , RRCE6 pour lesquels il n'existe aucun comité de retraite?

Rappelons-le les cotisations de ces régimes sont toujours versées au fonds consolidé de la province. Les retraités de ces régimes de retraite n’ont pu bénéficier de la plus value de leur fond de retraite.


L’évaluation actuarielle du RREGOP 2014

Le tableau de l'évaluation actuarielle nous révèle tout de même un portrait de la situation des retraités du RREGOP et la précarité des retraités de 65 ans et plus.

En effet, les 155 995 retraités de 65 ans et plus touchaient, au 31 décembre 2014, une rente annuelle moyenne de 12 802 $7 . Ce groupe de retraités de 65 ans et plus représente 67,4 % de tous les retraités du RREGOP. Il n’y a pas là de quoi pavoiser et encore moins prétendre que ces retraités sont des « gras dur ».

Quant aux 111 696 femmes retraitées de ce régime, elles touchaient en 2014 une rente annuelle moyenne de 11 742 $. Faut-il le rappeler, ces oubliées du système représentent 48,3 % de tous les retraités du RREGOP.
Cette évaluaiton actuarielle montre un portrait peu reluisant des 231 381 retraités du RREGOP qui ont touché une rente annuelle moyenne de
17 838 $.

Voilà le résultat de 34 ans de désindexation!

Les vraies questions

Les centrales syndicales prétendent que le RREGOP est en bonne santé. C’est vrai !!

Pourquoi est-il en si bonne santé? Pour qui?

Voilà les vraies questions.

Depuis 1982, les rentes des retraités de ce régime de retraite sont désindexées pour toutes les années travaillées et cotisées entre 1982 et 2000. Le résultat de cette désindexation fait en sorte que les cotisations qui ont été versées à la Caisse de dépôt et placement du québec (CDPQ) génèrent des rendements et une plus value. Les représentants du Front commun se sont assurés que les retraités actuels et futurs ne touchent pas à ce patrimoine qui selon eux leur appartient, mais qui est, en réalité, le rendement des investissements des retraités.

Régime à deux vitesses et logique variable

 Une réserve de 20 % doit être atteinte au RREGOP avant tout versement d’indexation.
 Une réserve de 10 % est prévue par la loi 15 sur les régimes des municipalités.
Quelle étaient les parties négociantes? Dans les deux cas, le gouvernement et souvent les mêmes centrales syndicales.
Où est la logique?

Cette incohérence contribue à augmenter indûment la capitalisation au détriment des retraités. Ces derniers ne bénéfieront jamais de l’usufruit de leur fonds de retraite avec un tel taux de réserve. Les futurs retraités, les employés des secteurs public et parapublic, les membres cotisants à ces centrales syndicales qui prendront leur retraite seront aussi touchés par cette aberrante situation.

Le gouvernement du Québec verse sa part «Employeur» dans le régime de retraite des membres de la Sûreté du Québec (RRMSQ ) depuis 2009 . Les représentants syndicaux ont refusé que le gouvernement verse sa part d’employeur au RREGOP, dans un fonds distinct à la CDPQ7 en 2012 . Quels intérêts défendent-ils? Les centrales syndicales se comportent comme les propriétaires du RREGOP et cela au détriment des retraités actuels et futurs.


Constitution d’un fonds de retraite

Selon la firme Russell , il est établi qu’un fonds de retraite est formé de 10% de cotisations, de 30 % des rendements sur ces cotisations et de 60% à la prise de la retraite. Donc les retraités génèrent à eux seuls 60% du fonds RREGOP.

Comme ces derniers subissent à des degrés divers, une désindexation depuis bientôt 35 ans ils ont nécessairement engraissé le fonds sans bénéficier de l’usufruit de ce même fonds. Voià une des raisons pourquoi le RREGOP était capitalisé à plus de 98,4% en date du 31 décembre 2014. Qu’en est-il aujourd’hui en 2017?

Cette capitalisation a servi de monnaie d’échange dans les dernières négociations, privant ainsi les retraités de profiter de leur juste part du RREGOP. Cette monnaie d’échange s’est traduite par des baisses de cotisations pour les employés actifs, laissant croire à ces derniers qu’ils avaient ainsi plus d’argent dans leurs poches.

Ces supposées augmentations de salaire s’apparentent à quelqu’un qui ne cotise pas à son REÉR. Ce dernier ne peut s’attendre à une plus value de son REÉR. Il est de même pour celui que ne cotise pas aujourd’hui à son regime de retraite. On peut qualifier cela d’«Art de se tirer dans le pied» !

Qu’on se le dise, les employés d’aujourd’hui cotisent pour leur retraite demain; tout comme les retraités d’aujourd’hui ont cotisé pour leur actuelle retraite. Il est faux de prétendre que les actifs paient les rentes de retraite des retraités actuels.

Les retraités victimes d’un «hold-up»

Le 11 mai 2005, Mario Dumont alors chef de l’Action démocratique du Québec (ADQ) déclarait à l’Assemblée national que les retratés avaient été victimes d’un «hold-up». Madame Monique Jérôme-Forget alors présidente du Conseil du trésor a acquiescé aux propos de Mario Dumont et évaluait ce hold-up à près de 1 milliard de dollars . Nous étions alors en 2005. Quelles seraient aujourd’hui les sommes dues aux retraités en raison des rendements et de la plus-value des sommes ainsi spoliées? Un vol restera toujours un vol, qu’il soit gouvernemental ou syndical.

En résumé le RREGOP dans sa forme actuelle est un gâchis en raison de négociations bâclées et les victimes, les laissés-pour-compte sont les retraités. Quand la correction viendra-t-elle?


Gaétan Morneau, retraité

 

1-La Carra (Commission administrative des régimes de retraite et d’assurances) est aujourd’hui 
fusionnée à Retraite Québec
2-Données tirées du Rapport annuel 2014 de la CARRA (page 82) 
3-Données tirées de l’Évaluation actuarielle 2014 de la CARRA (page 20)
4-RRE : régime de retraite des enseignants
5-RRF : Régime de retraite des fonctionnaires
6-RRCE : Régime de retraite de certains enseignants (ex-religieux)                                                                                                7-Données tirées du Tableau 4 de l’Évaluation actuarielle 2014 de la CARRA (page 20)

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