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COVID-19 RIVE-SUD : Le monde agricole touché de plein fouet par la pandémie

Vendredi 08 mai 2020 09:55 Juliette Poireau

En entrevue avec TVRS, le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Montérégie, Christian Saint-Jacques, raconte les difficultés du monde agricole dans la région en cette situation inédite de pandémie mondiale.

« Notre plus grande problématique c’est la main d’œuvre », mentionne d’entrée de jeu M. Saint-Jacques.

En effet, habituellement, les travailleurs étrangers arrivent au début du printemps pour procéder aux semences du secteur maraîcher, comme des radis, des poivrons, des tomates ou des choux, par exemple.

Afin de répondre à ce manque de ressources humaines, l’UPA a mis en place un programme de recrutement depuis trois semaines destiné aux travailleurs du Québec qui sont en arrêt de travail, en plus de la subvention de 40 M$ du gouvernement provincial pour bonifier le salaire des agriculteurs de 100 $ par semaine.

« On a reçu 1 500 applications pour venir travailler sur les fermes, et on procède actuellement au jumelage des travailleurs avec la quarantaine de fermes qui ont mentionné avoir besoin de monde, détaille Christian Saint-Jacques. Nos employés travaillent jour et nuit pour assurer le jumelage le plus rapidement possible. »

En temps normal, la Montérégie accueille 8 000 travailleurs étrangers par année. Néanmoins, en ce début du mois de mai, seulement 1 500 sont arrivés, et seuls 4 000 sont prévus pour 2020.

Un autre défi de taille pour le monde agricole est le surplus de production, notamment « en raison de la fermeture des institutions et des restaurants », selon M. Saint-Jacques. Au Québec actuellement, des millions de litres de lait ont été jetés, deux millions d’œufs en incubation ont été détruits, 200 000 poussins euthanasiés et près de 100 000 porcs sont en attentes pour l’abattoir.

« Cela a des conséquences graves pour les producteurs, ça coûte cher de devoir garder les porcs, et même s’ils sont envoyés à l’abattoir, ils seront sous classés, ce qui rapportera moins aux producteurs », ajoute le président de l’UPA Montérégie. De plus, le fait de devoir garder ces porcs engraissés empêche l’arrivée de nouveaux porcelets. Bien que les abattoirs augmentent leur roulement, « ce n’est pas assez ». « Tout ce qu’on souhaite c’est d’éviter l’abattage humanitaire », s’inquiète M. Saint-Jacques.

L’annonce de l’aide financière de 250 M$ par le gouvernement du Canada est bien accueillie par les producteurs, mais Christian Saint-Jacques explique qu’il en faut plus : « On aurait besoin d’au moins 2,5 G$ pour aider les producteurs et les transformateurs de tout le pays. »

« On a aussi besoin d’aide au niveau de l’entreposage », ajoute-t-il. Par exemple, afin de sauver des surplus de lait, les producteurs ont produit plus de beurre et plus de fromages, qu’il faut néanmoins entreposer. L’UPA demande au gouvernement d’assurer les frais d’entreposage pour les aider davantage. Toutefois, Christian Saint-Jacques souligne l’effort de rachat de pommes de terre de la part du Canada.

Achat local

Afin d’écouler le plus possible les productions québécoises, Christian Saint-Jacques compte beaucoup sur l’achat local. « Bien qu’on remarque une augmentation des achats de produits agricoles d’ici, ce n’est pas assez. » La bonification de l’achat et de la vente de produits locaux dans les épiceries pourrait aussi supporter le monde agricole du Québec.

Enfin, le président de l’UPA Montérégie souhaite des fonds spécifiques des deux paliers de gouvernement pour « nous aider maintenant. »

Les pertes agricoles sont encore difficiles à évaluer, car la saison vient de commencer. Néanmoins, M. Saint-Jacques explique que c’est « inévitable ». En une semaine seulement, les pertes de lait sont estimées à 2 % et celles du poulet à 15 % pour l’ensemble de la province.

Rappelons que le secteur agricole est l’économie la plus importante de la Montérégie.

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